Nigeria > Cameroun : Benediction full option (suite du post précédent)

Comments 3 Standard

Le 5 février, j’ai passé la frontière entre le Bénin et le Nigeria, une des plus difficiles au Monde. 

Les contrôles y sont nombreux et la tension est palpable. Beaucoup de choses s’y sont passé et j’aimerai revenir sur une anecdote que j’ai oublié de raconter :

(6 février 2014, 04h00) Le chauffeur en avait marre de payer à barrage de fortune et à osé à en forcer un ! Le mec du barrage jette rapidement un métal clouté sous la voiture et réussi à toucher un pneu mais le chauffeur ne s’arrête pas ! Je suis assis à côté du chauffeur, je le regarde et lui demande s’il est sérieux. Il me répond sur un ton énervé : “Laisse ! C’est un BAN-DIT !”. Perso, j’espère que ce bandit ne va pas nous poursuivre ou nous tirer dessus.
Quelques kilomètres plus tard, on s’arrête pour changer le pneu. 

Image

Suite : 

Nigeria > Cameroun : Benediction full option

(7 février 2014)
04h30 
Il nous reste 6 heures de route avant d’arriver à Calabar. On traverse des villages dans la brume et j’aperçois des choses assez particulières comme par exemple, deux hommes transportant un cercueil sur une moto, sous le rythme de leur gyrophare !

11h30
Nous sommes arrivée à Calabar, enfin ! Le Cameroun n’est plus très loin, il ne me reste qu’à appeler le contact que H m’a refilé : Dra. Je cherche dans ma sacoche le morceau de carton sur lequel il a noté son numéro. Deux jours que je n’ai pas dormi et que je ne me nourri que de pain et d’eau mais je dois rester vif et attentif. Je demande à un chauffeur où est-ce que je peux trouver une cabine et il me file son téléphone. J’appelle Dra et lui dis que je suis à Calabar.
Apres 15 minutes, un mec se pointe devant moi. 
“C’est toi Elyos ?” me lance-il en baissant ses lunettes avec son index. Je ne le corrige pas et confirme. Dra, c’est la copie conforme de H mais en petit et gros. Ils doivent se faire énormément d’argent avec leur traffic ces deux là ! Dra avait trois portables derniers modèles et deux d’entres eux sonnaient sans arrêt.
“Suis moi, ne fixe personne et ne traine pas” me dit il en se dirigeant vers la sortie de la gare. On se pose dans un café, à l’abris des regards, et il commande deux bouteilles d’eau. 

“Deux jours ! Quel genre de clandestin vit ça ? Deux jours enfermé dans un conteneur sans manger et sans boire !” cri un gars en s’approchant de Dra. “On manquait d’air ! Quand on essayait d’appeler notre contacte il nous raccrochait au nez ! Nous étions enfermé ! Même un prisonnier est mieux traité” rajoute-t-il. Une demi douzaine de personnes originaires du Togo et du Bénin avait fait appel à des passeurs pour les emmener au Gabon afin d’y faire des affaires. Le passage par le Cameroun leur était impossible car il n’avait pas de papier, et ils étaient donc obligé de prendre la voie marine.

Je discute avec ces gars et leur explique à mon tour la raison pour laquelle je suis à Calabar. Ils se mettent à rire ! 
“Nous on cherche à aller chez toi et toi tu cherches à aller chez nous, c’est fou” dit un des gars.
“L’Homme est comme ça, il ne se satisfait jamais de ce qu’il a. C’est toujours mieux plus loin, là où on n’a jamais mis les pieds” lance un autre, un béninois de Ouidah.
Les gars qui ont été enfermé me font comprendre discrètement que je ne dois absolument pas faire confiance à Dra et je suis leur conseil. Dra essaya de me convaincre en prétextant que j’avais un passeport et pas eux.

14h00

Je quitte mes amis du jour et me dirige vers le port. Un minuscule port ne pouvant contenir que deux petits bateaux ! On me dit que le bateau part demain matin à 8 heure pile et que nous serrions à Douala, au Cameroun, aux alentours de 18 heure. Je patiente toute la journée et j’observe les va-et-vient des matelots. 

17h00

Un homme s’approche de moi et me demande si j’ai déjà mon ticket pour le bateau et je lui réponds négativement. Je le suis dans le bureau officiel du port et lui montre mon passeport et mon carnet de vaccination. 
“Où est votre visa pour le Cameroun ?” me demande-t-il. “Vous ne montez-pas dans mon bateau sans visa monsieur !” rajoute-t-il.

Nous sommes vendredi, il doit être 17h30 et le consulat camerounais est fermé. Je ne peux pas attendre jusqu’à lundi pour obtenir un visa, impossible ! Et mon visa ne me permets de rester au Nigeria 72 heures, pas une minute de plus. J’appelle H et je lui demande conseille. Il m’offre trois possibilités pour entrer au Cameroun :

A) Le bateau (mais ils m’ont recalé)
B) Passer par la voie terrestre, plus au Nord (mais apparemment les kidnappings y sont fréquents)
C) La pirogue (Sortir illégalement du pays en pirogue et une fois au Cameroun, je pourrai acheter un faux cachet d’entrée pour régulariser mon passeport)

Je vais éviter le plan C car j’ai assez zouké avec la mort et j’opte pour le plan B. Je cherche donc un transport pour Ikom, j’y serai pour 22 heure si tout va bien.

23h00

Je suis arrivé à Ikom. Le chauffeur me présente à un de ces amis qui accepte de me faire passer la frontière, en voiture, pour arriver à Ekok, au Cameroun. Je ne suis plus qu’à 22 kilomètres de mon objectif. 
“C’est trop dangereux d’y aller maintenant, reste dans cet hôtel et je passe te prendre vers 4h00” me dit-il.

(8 février 2014)

04h00
Je monte dans sa voiture et on se dirige vers la frontière. Sur tout le trajet il me répète que les douaniers ne me laisseront jamais passer sans visa. 
“Avant, on pouvait obtenir un visa de transit à la frontière, maintenant c’est fin tout ça ! Attends lundi et fait ton visa” me dit il en hochant la tête. Je suis épuisé, ça doit faire 2-3 jours que je n’ai pas dormi et que je ne mange pas correctement et ce n’est pas ce mec qui va me prédire mon avenir. Je mets mes écouteurs et lance ma musique avant qu’il ne me porte la poisse.

04h30

Nous sommes arrivé au poste frontière du Nigeria, je n’ai jamais été aussi proche du Cameroun, je ne peux plus reculer. Les douaniers consultent mon passeport et me disent tous non de manière catégorique. Je m’assois et je réfléchi à une solution mais rien ne vient. Je ne veux vraiment pas y aller en pirogue, je n’ai pas le temps pour ça. Je pense fort à toutes ces personnes qui m’ont fait une bénédiction pour ce voyage. Cette prêtresse vaudou, mes proches en Belgique et ailleurs. Je pense à eux et leurs demande de l’aide. Que ces prières me servent maintenant. 
Après une demi-heure de négociation, ma persévérance a fini par payer, un des douaniers laisse une ouverture. 
“Ok, tu fais ce que tu veux mais nous on ne te donne pas de cachet de sortie ! Tente ta chance au poste frontière camerounais mais à coup sur ils vont te refuser ! A tout à l’heure” me dit-il avec un sourire mesquin.
J’hallucine, mes prières ont vraiment été écouté. 

Maintenant il ne me reste qu’une étape, convaincre les douaniers camerounais hors que je n’ai pas de cachet de sortie du Nigeria et pas de Visa d’entrée pour le Cameroun. 

Pouce en l’air.

J’entre dans le poste frontière et là, une femme âgée m’invite à m’assoir à son bureau.
“Où est votre véhicule ?” me demande-t-elle.
Je lui explique que je suis venu en transport. Elle retire ses lunettes et me dit : “je travaille ici depuis longtemps, rares sont les blancs qui viennent en véhicule et en groupe via ce poste frontière mais toi tu es seul et en transport ?!”
Je lui dis alors fièrement que je suis venu de la Belgique jusqu’ici par la route et ça l’a fait rire. Elle me traita de fou et me demanda mon passeport. Je lui tends et ne dis rien.
“Haha sacrés nigérian ! Ils ont fait une erreur dans votre passeport ! Ils ont indiqué sur le cachet de sortie “6 février” alors que nous sommes le 8 ! ” dit-elle en riant.

C’est trop gros ! Elle n’a pas pu confondre le cachet d’entrée (que j’ai reçu le 6 février, à mon entrée au Nigeria) avec le cachet de sortie ?!

“Je ferme les yeux sur leur erreur et je te mets ton cachet” dit-elle en tamponnant mon passeport. Mon coeur a arrêté de battre et c’est le carnaval de Rio dans tête ! Je n’ai même pas du payer de visa, rien ! 

Mais c’est quelle genre de bénédiction full option ça ?! Je me pose et je remercie sincèrement et profondément tous ceux qui ont priés pour moi.

Je sors et je cherche un transport pour la capitale, Yaoundé. Je suis heureux et je n’en reviens pas !
“Monsieur, monsieur on vous cherche au bureau d’immigration, c’est urgent !” me crie un mec en courant vers moi.

C’était trop beau, je retourne, la tête baissé, à la case départ. 

“Vous avez oublié de noter votre nom dans le registre, c’est important vous savez !” me dit la femme avec un grand sourire. J’inspire profondément et je note mon nom .

Je suis bien arrivée au Cameroun.

J’espère sincèrement retourner un jour au Nigeria pour en avoir une meilleure expérience. C’est le genre de pays qui se mérite. Y passer plus de temps, comprendre les codes et s’adapter. Un jour j’espère.

«Quand tu veux quelque chose, tout l’Univers conspire à te permettre de réaliser ton désir.» – Paulo Coelho, L’Alchimiste

3 thoughts on “Nigeria > Cameroun : Benediction full option (suite du post précédent)

  1. cool, tu vois des expériences pareils c’est bien de vivre ça et c’est parfois allusinant, moi aussi parfois ‘aji eu une expérience au nigeria

Leave a comment