Intention et interpretation // Respect et considération

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Intention et interpretation

20 janvier 2014 / Sur la route entre Bobo Dioulasso et Ouagadougou, Burkina Faso

La route est difficile et la chaleur ne facilite pas les choses. 
Le chauffeur roule depuis 5 heures et il décide de faire une halte dans un village pour que l’on puisse se reposer et éventuellement manger. Cette fois-ci, j’évite de manger trop lourd malgré les bonnes odeurs qui se dégagent des différents stands. La route est encore longue et j’ne veux absolument pas tomber malade durant le trajet.
Je me pose sous un arbre et profite du tronc pour m’assoupir et de son ombre pour me rafraichir. Une personne vient s’assoir à côté de moi, on discute de tout et de rien. Elle sort de son sac-à-dos deux sachet d’eau et m’en propose un. Je me dis qu’elle en aura surement besoin sur la route et je décide de refuser. A sa grande surprise, elle range le deuxième sachet. 

Quelques jours plus tard, quelqu’un m’expliqua qu’il est très mal vu de refuser de l’eau au Bénin. Une sorte de manque de respect. Ca doit être comme le thé à la menthe au Maroc. Je repense à cette personne à qui j’en ai refusé et j’espère sincèrement qu’elle a toléré ma maladresse et qu’elle n’a pas mal interprété ce refus.

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Respect et considération

Il est important de respecter les gens que l’on rencontre sur sa route. Peu importe son allure ou sa profession, la personne qui t’offre de son temps pour te parler, essayer de te vendre quelque chose ou même mendier quelques sous, mérite ta considération.
Et puis, souvent les gens aux histoires les plus incroyables sont les personnes les plus improbables. Croyez-moi.

28 janvier 2014 / Plage Fidrossé, Cotonou – Bénin

J’adore ce court moment, celui juste entre le coucher de soleil et la tombé de la nuit. Ce moment où le ciel prend une couleur pastel. 
Un homme s’approche de moi, djembé sous le bras. Il se met à jouer et chanter “Champs Elysée” et je lui fais signe, amicalement, de ne pas continuer. 
“Tu n’aimes pas ma musique” -me dit-il sur un ton triste.
Je lui explique alors que je n’ai que quelques pièces sur moi et que ça serait l’insulter de lui donner ces quelque francs en échange de sa musique. Il rigole et me demande quelle genre de musique je veux écouter. Je lui demande alors de me chanter une chanson de chez lui, une qui lui tient à coeur.
“D’accord, je commence par t’expliquer la chanson et ensuite je te la joues.” -me dit-il en commençant à taper sur son dejmbé. “Elle est dans ma langue natale” -rajoute-t-il.

La chanson parle de son histoire. De la nostalgie de ses puissants ancêtres, morts dans d’horribles conditions, et de l’espoir pour sa descendance.

Ce soir là, j’ai rencontré Mr. Semenou K. M. Agbédidi. Chanteur, compositeur et parolier.
Connu en tant qu’artiste sous le nom de SMAS, dit Papa Djembé.

Petit fils du roi de Zafi, Semenou Alokpo

Congo Brazza, J-3

Nigeria > Cameroun : Benediction full option (suite du post précédent)

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Le 5 février, j’ai passé la frontière entre le Bénin et le Nigeria, une des plus difficiles au Monde. 

Les contrôles y sont nombreux et la tension est palpable. Beaucoup de choses s’y sont passé et j’aimerai revenir sur une anecdote que j’ai oublié de raconter :

(6 février 2014, 04h00) Le chauffeur en avait marre de payer à barrage de fortune et à osé à en forcer un ! Le mec du barrage jette rapidement un métal clouté sous la voiture et réussi à toucher un pneu mais le chauffeur ne s’arrête pas ! Je suis assis à côté du chauffeur, je le regarde et lui demande s’il est sérieux. Il me répond sur un ton énervé : “Laisse ! C’est un BAN-DIT !”. Perso, j’espère que ce bandit ne va pas nous poursuivre ou nous tirer dessus.
Quelques kilomètres plus tard, on s’arrête pour changer le pneu. 

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Suite : 

Nigeria > Cameroun : Benediction full option

(7 février 2014)
04h30 
Il nous reste 6 heures de route avant d’arriver à Calabar. On traverse des villages dans la brume et j’aperçois des choses assez particulières comme par exemple, deux hommes transportant un cercueil sur une moto, sous le rythme de leur gyrophare !

11h30
Nous sommes arrivée à Calabar, enfin ! Le Cameroun n’est plus très loin, il ne me reste qu’à appeler le contact que H m’a refilé : Dra. Je cherche dans ma sacoche le morceau de carton sur lequel il a noté son numéro. Deux jours que je n’ai pas dormi et que je ne me nourri que de pain et d’eau mais je dois rester vif et attentif. Je demande à un chauffeur où est-ce que je peux trouver une cabine et il me file son téléphone. J’appelle Dra et lui dis que je suis à Calabar.
Apres 15 minutes, un mec se pointe devant moi. 
“C’est toi Elyos ?” me lance-il en baissant ses lunettes avec son index. Je ne le corrige pas et confirme. Dra, c’est la copie conforme de H mais en petit et gros. Ils doivent se faire énormément d’argent avec leur traffic ces deux là ! Dra avait trois portables derniers modèles et deux d’entres eux sonnaient sans arrêt.
“Suis moi, ne fixe personne et ne traine pas” me dit il en se dirigeant vers la sortie de la gare. On se pose dans un café, à l’abris des regards, et il commande deux bouteilles d’eau. 

“Deux jours ! Quel genre de clandestin vit ça ? Deux jours enfermé dans un conteneur sans manger et sans boire !” cri un gars en s’approchant de Dra. “On manquait d’air ! Quand on essayait d’appeler notre contacte il nous raccrochait au nez ! Nous étions enfermé ! Même un prisonnier est mieux traité” rajoute-t-il. Une demi douzaine de personnes originaires du Togo et du Bénin avait fait appel à des passeurs pour les emmener au Gabon afin d’y faire des affaires. Le passage par le Cameroun leur était impossible car il n’avait pas de papier, et ils étaient donc obligé de prendre la voie marine.

Je discute avec ces gars et leur explique à mon tour la raison pour laquelle je suis à Calabar. Ils se mettent à rire ! 
“Nous on cherche à aller chez toi et toi tu cherches à aller chez nous, c’est fou” dit un des gars.
“L’Homme est comme ça, il ne se satisfait jamais de ce qu’il a. C’est toujours mieux plus loin, là où on n’a jamais mis les pieds” lance un autre, un béninois de Ouidah.
Les gars qui ont été enfermé me font comprendre discrètement que je ne dois absolument pas faire confiance à Dra et je suis leur conseil. Dra essaya de me convaincre en prétextant que j’avais un passeport et pas eux.

14h00

Je quitte mes amis du jour et me dirige vers le port. Un minuscule port ne pouvant contenir que deux petits bateaux ! On me dit que le bateau part demain matin à 8 heure pile et que nous serrions à Douala, au Cameroun, aux alentours de 18 heure. Je patiente toute la journée et j’observe les va-et-vient des matelots. 

17h00

Un homme s’approche de moi et me demande si j’ai déjà mon ticket pour le bateau et je lui réponds négativement. Je le suis dans le bureau officiel du port et lui montre mon passeport et mon carnet de vaccination. 
“Où est votre visa pour le Cameroun ?” me demande-t-il. “Vous ne montez-pas dans mon bateau sans visa monsieur !” rajoute-t-il.

Nous sommes vendredi, il doit être 17h30 et le consulat camerounais est fermé. Je ne peux pas attendre jusqu’à lundi pour obtenir un visa, impossible ! Et mon visa ne me permets de rester au Nigeria 72 heures, pas une minute de plus. J’appelle H et je lui demande conseille. Il m’offre trois possibilités pour entrer au Cameroun :

A) Le bateau (mais ils m’ont recalé)
B) Passer par la voie terrestre, plus au Nord (mais apparemment les kidnappings y sont fréquents)
C) La pirogue (Sortir illégalement du pays en pirogue et une fois au Cameroun, je pourrai acheter un faux cachet d’entrée pour régulariser mon passeport)

Je vais éviter le plan C car j’ai assez zouké avec la mort et j’opte pour le plan B. Je cherche donc un transport pour Ikom, j’y serai pour 22 heure si tout va bien.

23h00

Je suis arrivé à Ikom. Le chauffeur me présente à un de ces amis qui accepte de me faire passer la frontière, en voiture, pour arriver à Ekok, au Cameroun. Je ne suis plus qu’à 22 kilomètres de mon objectif. 
“C’est trop dangereux d’y aller maintenant, reste dans cet hôtel et je passe te prendre vers 4h00” me dit-il.

(8 février 2014)

04h00
Je monte dans sa voiture et on se dirige vers la frontière. Sur tout le trajet il me répète que les douaniers ne me laisseront jamais passer sans visa. 
“Avant, on pouvait obtenir un visa de transit à la frontière, maintenant c’est fin tout ça ! Attends lundi et fait ton visa” me dit il en hochant la tête. Je suis épuisé, ça doit faire 2-3 jours que je n’ai pas dormi et que je ne mange pas correctement et ce n’est pas ce mec qui va me prédire mon avenir. Je mets mes écouteurs et lance ma musique avant qu’il ne me porte la poisse.

04h30

Nous sommes arrivé au poste frontière du Nigeria, je n’ai jamais été aussi proche du Cameroun, je ne peux plus reculer. Les douaniers consultent mon passeport et me disent tous non de manière catégorique. Je m’assois et je réfléchi à une solution mais rien ne vient. Je ne veux vraiment pas y aller en pirogue, je n’ai pas le temps pour ça. Je pense fort à toutes ces personnes qui m’ont fait une bénédiction pour ce voyage. Cette prêtresse vaudou, mes proches en Belgique et ailleurs. Je pense à eux et leurs demande de l’aide. Que ces prières me servent maintenant. 
Après une demi-heure de négociation, ma persévérance a fini par payer, un des douaniers laisse une ouverture. 
“Ok, tu fais ce que tu veux mais nous on ne te donne pas de cachet de sortie ! Tente ta chance au poste frontière camerounais mais à coup sur ils vont te refuser ! A tout à l’heure” me dit-il avec un sourire mesquin.
J’hallucine, mes prières ont vraiment été écouté. 

Maintenant il ne me reste qu’une étape, convaincre les douaniers camerounais hors que je n’ai pas de cachet de sortie du Nigeria et pas de Visa d’entrée pour le Cameroun. 

Pouce en l’air.

J’entre dans le poste frontière et là, une femme âgée m’invite à m’assoir à son bureau.
“Où est votre véhicule ?” me demande-t-elle.
Je lui explique que je suis venu en transport. Elle retire ses lunettes et me dit : “je travaille ici depuis longtemps, rares sont les blancs qui viennent en véhicule et en groupe via ce poste frontière mais toi tu es seul et en transport ?!”
Je lui dis alors fièrement que je suis venu de la Belgique jusqu’ici par la route et ça l’a fait rire. Elle me traita de fou et me demanda mon passeport. Je lui tends et ne dis rien.
“Haha sacrés nigérian ! Ils ont fait une erreur dans votre passeport ! Ils ont indiqué sur le cachet de sortie “6 février” alors que nous sommes le 8 ! ” dit-elle en riant.

C’est trop gros ! Elle n’a pas pu confondre le cachet d’entrée (que j’ai reçu le 6 février, à mon entrée au Nigeria) avec le cachet de sortie ?!

“Je ferme les yeux sur leur erreur et je te mets ton cachet” dit-elle en tamponnant mon passeport. Mon coeur a arrêté de battre et c’est le carnaval de Rio dans tête ! Je n’ai même pas du payer de visa, rien ! 

Mais c’est quelle genre de bénédiction full option ça ?! Je me pose et je remercie sincèrement et profondément tous ceux qui ont priés pour moi.

Je sors et je cherche un transport pour la capitale, Yaoundé. Je suis heureux et je n’en reviens pas !
“Monsieur, monsieur on vous cherche au bureau d’immigration, c’est urgent !” me crie un mec en courant vers moi.

C’était trop beau, je retourne, la tête baissé, à la case départ. 

“Vous avez oublié de noter votre nom dans le registre, c’est important vous savez !” me dit la femme avec un grand sourire. J’inspire profondément et je note mon nom .

Je suis bien arrivée au Cameroun.

J’espère sincèrement retourner un jour au Nigeria pour en avoir une meilleure expérience. C’est le genre de pays qui se mérite. Y passer plus de temps, comprendre les codes et s’adapter. Un jour j’espère.

«Quand tu veux quelque chose, tout l’Univers conspire à te permettre de réaliser ton désir.» – Paulo Coelho, L’Alchimiste

Bénin > Nigéria : Is this love

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(5 février 2014)

16h00

“Pourquoi le Nigeria ? Avez-vous une lettre d’invitation d’un local ? Comment financez-vous ce voyage ? Où est votre visa pour le Cameroun ? Et votre billet retour pour la Belgique ?”

Je n’ai rien de tout ça ! Je ne pensais pas que le visa pour le Nigeria serait si compliqué à obtenir. J’ai du attendre plusieurs jours et même passer un entretien avant d’obtenir une autorisation de 72 heures sur le territoire !

Je ne perds pas de temps et je me dirige vers la gare, un mec que j’ai croisé, et qui apparemment connait bien la région, m’a conseillé de prendre le transport “Cotonou-Lagos” de 23h00.

Au Bénin, j’ai assisté à de nombreuses cérémonies voodou. J’ai eu la chance de rencontrer une des plus grande prêtresse du pays et quand je lui ai expliqué que je devais traverser le Nigeria par la route, elle m’a demandé le jour de passage et m’a promis de prier pour moi à ce moment là. 
Y croire ou ne pas y croire, peu importe. Je ne refuse jamais une bénédiction. XXX

22h00

J’ai réservé ma place dans un transport pour Lagos. La nuit sera longue et il me reste une heure, je me dirige vers une buvette et je commande un café. Je commence à penser et mon esprit est rapidement ailleurs. La lumière des phares des voitures laisse apparaitre les ombres des passants. J’ai un flash, une hallucination, une de ces ombres s’approche de moi, sort un couteau et m’égorge. Au même moment, une personne me tappotte l’épaule et je sursaute. 
“Vous allez vers le Nigeria ? Je vous vois avec votre grand sac bleu. Ecoutez moi, ne prenez pas ce transport, attendez celui de l’aube, vous arriverez à Lagos en matinée. Vous m’offrez votre grand sac bleu rempli de dollars, je n’irai pas à votre place !” me dit-il. Je jette un regard mon grand sac bleu et à peine la tête relevé, le monsieur est déjà partit. J’annule ma place pour 23h00 et j’attends 4h00 comme me l’a conseillé cet inconnu.

(6 février 2014)
04h00

La voiture est chargé, direction Lagos ! La frontière entre le Bénin et le Nigéria est une des plus difficiles au Monde d’après le chauffeur. Arrivé au poste frontière, tout le monde sort et présente ses documents d’identité. Je suis fatigué mais j’essaie de répondre correctement aux questions du douanier. On remonte dans la voiture et j’allume mon ipod. Tous les 10 mètres, un barrage de policier en civile (ou civil se prenant pour des policiers ?), ils sont tous armés et tiennent leurs armes prêts à tirer. La tension est palpable. Le conducteur descend, je le vois changer des francs CFA en monnaie locale. Je descends aussi, je dois aussi changer mon argent pour traverser le pays. J’ouvre la portière, sors et tous les autres passagers me font signe de remonter immédiatement dans la voiture. J’exécute et je donne l’argent au chauffeur, il le changera pour moi.
Tous ces contrôles me saoule. Il est 5h00 du mat’ et ça fait une heure que j’essaie d’écouter “Is this love” de Bob Marley mais ils ne me laissent pas aller jusqu’au bout. Je ne supporte pas regarder un film qui a déjà commencé et encore moins écouter une chanson déjà entamé, alors je relance “Is this love” encore et encore. On me fait de nouveau descendre de la voiture et cette fois-ci je dois vider mon sac-à-dos pour un contrôle, je descends et je vide mon “grand sac bleu”. En retournant vers la voiture, je vois mon passeport parterre, j’ai du le faire tomber en sortant de la voiture. J’inspire profondément et le ramasse. Je suis passé à coté du pire et je me dis qu’à partir de maintenant je dois rester vif et attentif. La moindre erreur pourrait m’être fatale.
Les gens dans la rue sont armées, je ne sais pas s’ils sont policiers ou militaires mais ils sont pour la plupart habillés en civile. 

10h00

Nous arrivons à Lagos, une ville de plus de 30 millions d’habitants, qui me fait étrangement penser à Shanghai et Mumbai. Des gens qui sortent de partout, des infrastructures impressionnantes et un contraste constant entre modernité et misère. Tous les passagers du véhicules descendent à l’entrée de la ville, perso je continue jusqu’au terminus, une fois à la gare je chercherai un autre transport en direction de la frontière camerounaise. 
Dans les rues de Lagos, je vois un homme assis en train de boire un café, il ressemble comme deux gouttes d’eau à un mec qui m’avait aidé en Guinée Conakry. Cela n’a aucun sens, mais voir son identique m’a un peu rassuré. 
Le conducteur s’arrête dans une station essence en plein milieu d’un immense marché. Il me fait comprendre que c’est le terminus. Je descends et à peine un pied à terre que 7-8 gars m’entourent. “Montre moi ton passeport” me lança un des gars dans un anglais boiteux. 
Ils avaient tous le regard sombre. Je regarde le chauffeur et il baisse la tête. Je me souviens de mon passeport au sol et je me dis que je ne peux pas le perdre ! Si je me retrouve bloqué” au Nigeria sans passeport, je suis mal ! Je lui dis qu’il n’est pas flic et j’ouvre rapidement mon passeport, lui montre mon visa, le referme et le cache aussitôt. 
“Il est avec moi ! Laissez le !” cria un gars en s’approchant. C’était Claude, un congolais (Kinshasa) réfugié au Nigeria. Les mecs se sont dispersés et je reste avec Claude. Il m’offre de l’eau et on discute. Je lui explique que je dois me rendre au Cameroun mais il me fait comprendre que tous les transports sont déjà parti. 
“H ! C’est H qu’i te faut, il a toujours des solutions pour tout le monde, attend je l’appelle.” me dit-il avec un grand sourire. 
En moins de 5 minutes, H était à la station essence. H est long et fin. Il ne portait que des habits de marques et des bijoux en or. Pour ne pas se faire raquetter ici, il devait être important ou dangereux. Il parlait correctement français et avait tendance à répéter deux fois ses fins de phrase. 
“J’ai tout ce qu’il te faut, tout ! Carte de vaccination? cachet d’entrée ? Ici tout se paie ! Tout se paie !” me dit-il tout en consultant sa montre. Je lui fait comprendre que je dois aller au Cameroun mais que je n’ai pas de visa d’entrée. 
“Okay c’est par la mer que tu vas y aller. Au Nord, les blancs se font kidnapper. Suis-moi je vais te montrer un gars qui va t’emmener à Calabar. Un fois là bas, tu appelles Dra, il te fera passer la frontière, c’est un passeur. Il fait passer les gens en Angola, au Gabon et même parfois en Europe”. Me dit-il en me notant le numéro de “Dra” sur un morceau de carton qu’il ramassa.
Avant de monter dans le véhicule, il me conseilla d’aller au toilette et il m’escorta jusqu’à la porte. Nous avons ensuite été acheter des provisions pour la route, j’en aurai pour une trentaine d’heures. 

De 10h à 22h

Beaucoup de contrôles, l’album de Bob Marley tourne en boucle dans mon ipod.

22h00

Un militaire nous arrête et nous fait descendre du véhicule.
“Vous êtes fou de vous déplacer avec un blanc dans la nuit ? Arrêtez vous dans 200 mètres, vous trouverez une gare sécurisé. Restez-y jusqu’à l’aube !” nous dit-il en pointant du doigt la route à prendre.
En montant dans la voiture, mon bracelet que j’ai reçu au temple de Shiva, à Varanasi se casse. Je ne l’avais jamais enlevé depuis deux ans. Wesh Shiva, ce n’est vraiment pas maintenant que tu vas me lâcher, je le rattrape avant qu’il ne touche le sol et et je l’attache à ma ceinture.
Un fois arrivée à la gare, on laisse nos sacs dans le véhicule et le chauffeur nous dirige vers un pièce qu’un des responsables des lieux lui a indiqué. Nous sommes deux à dormir dans cette pièce. Hugo, un gars qu’on a chopé sur la route, et moi-même.

(7 février 2014)

02h30 
Je me réveille en sursaut, une femme est entrée dans la pièce. Sans me lever je l’observe. Elle retire son chapeau et ses chaussures et s’installe au fond de la pièce. Elle se met à prier. Petit à petit, elle augmente la cadence : De plus en plus vite et de plus en plus fort ! Elle se met même à pleurer ! Je tourne mon visage vers Hugo, il ne bouge pas mais il est certainement debout.

04h30
“Tu as entendu quelque chose cette nuit ?” 
Il me répondit qu’il a entendu une femme prier et monter en trans mais qu’il ne savait pas dans quelle langue elle parlait. Nous étions en plein milieu de nul part !

– Je continue la suite de ma traversé du Nigeria demain, histoire de ne pas vous saoulé comme les douaniers l’ont fait avec moi  –

Amour.

Apprendre et désapprendre. Codes et secrets.

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Belgique > France > Espagne > Maroc > Mauritanie > Sénégal > Gambie > Sénégal > Guinée Bissau > Guinée Conakry > Mali > Burkina Faso > Bénin.

Apprendre et désapprendre. Codes et secrets.

3 février 2012. Mumbai, Inde.

Il est 5 heure du mat’, l’avion vient d’atterrir. Je prends le bus depuis l’aéroport en direction de la gare centrale.
Sur la route je vois des bidons ville, dans toutes les rues des familles entières endormies à même le sol… 
Le soleil se lève tout doucement et je décide de descendre du bus et de continuer mon chemin à pieds. J’avance en essayant d’éviter les rats et surtout de bien faire attention où je mets les pieds. Des sourires échangés, des regards croisés… malgré la misère, je ressens une certaine hospitalité.

Je vois cet homme qui se lavait le visage dans une flaque d’eau, il devait avoir le même âge que moi. Il m’intrigue : j’ai vu un sourire immense qui illuminait la ruelle que je désirai traverser. Il avait l’air tellement en paix avec lui-même. Je ne comprenais pas. Ce soir je sais ou dormir, j’ai le ventre plein et j’ai la possibilité de rentrer chez moi quand je veux. J’ai mon cadre de confort. Et pourtant, ce mec qui vit dans la rue et se lave dans de l’eau sale est plus heureux que moi. Je ne comprends vraiment pas et je me dis qu’on m’a menti. Oui, on m’a menti sur la notion du bonheur. J’ai étudié le business à l’école et on ne parlait qu’en chiffres. J y ai appris que tout va bien seulement quand son bilan est positif (faire du bif, en d’autres termes lol). Mais ce mec là ne sait probablement même pas compter et il est heureux comme personne ! 

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Son sourire me restera gravé dans ma mémoire durant tout mon voyage en Inde et je me suis demandé quotidiennement quel est son secret.


Apprendre et désapprendre de manière continuelle. Ce qui est juste et vrai dans une région du Monde ne l’est pas forcement dans la région voisine. Les codes changent et il faut savoir les décrypter pour vivre en harmonie avec les locaux. “Être dans le temps” comme me disait un gars de Ouaga. Désapprendre, une notion que l’on ne nous enseigne pas à l’école.
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24 janvier 2014. Frontière entre le Burkina Faso et le Bénin.

“Le blanc ! Le blanc !” Quelqu’un me tapote l’épaule pour me réveiller. Je le reconnais, on était ensemble hier sur la route depuis Ouagadougou. On a dormi dans la rue, chacun de son côté. Il me tend un cafe, n’attend pas de merci de ma part et s’en va avec le sourire. Le mec n’a pas besoin de fausses politesses. Il m’a expliqué que ça lui a fait plaisir d’avoir discuté avec moi la veille.
Hier on a passé une journée galère. Le premier véhicule qu’on a prit de Ouaga a percuté un poteau dans un Check point. Le véhicule est endommagé mais tout le monde va bien. Une autre voiture nous a récupéré depuis le check point, une Peugeot 505. On était sensé aller jusqu’à Paraku au bénin mais le chauffeur nous a tous fait descendre à la frontière en plein milieu de la nuit.

Je n’ai pas pris de photos depuis 3 jours. Certaines choses se vivent et ne doivent pas être partagé. Certaines paroles sont dites et ne doivent pas révélé. Des codes que l’on m’a enseigné au Bénin. Ici, au-delà des codes, on parle de secrets. Je passe à la partie mystique de ce voyage.